Ce Co-Scriptum « Flash ! » a été écrit par Charles, Jeanne, Alice, Louis, Océane, Angèle, Lou, Léna, Eloanne, Jules, Elliot et Basile, le 19 mars 2023 à l’occasion de la Vague des Livres en Beaujolais. Tous les âges étaient représentés, de 6 à 14 ans ! Bravo les écrivains !

La princesse Margattenie a 14 ans. Fille de François Ier, elle est missionnée un jour d’été par son père pour récolter l’impôt à Villefranche-sur-Saône. Le roi l’a laissée partir dans le carrosse rouge orné d’un écusson en forme de bouclier jaune avec un cheval noir dressé sur ces deux pattes arrière qu’elle s’est fait fabriquer juste pour elle. En effet, de tempérament assez « énergique », elle avait exigé un véhicule italien, avec même un four à pizza à l’intérieur. Léonard de Vinci en avait dessiné les plans, et l’engin devait pouvoir voler. La princesse avait justement dans l’idée, depuis Villefranche-sur-Saône, de rejoindre Lyon et la colline de Fourvière pour essayer. Mais en attendant, il fallait deux chevaux percherons, l’un blanc, l’autre brun, pour le tirer.

Le voyage dura trois jours. Heureusement, il n’y avait pas besoin de faire de pauses pour dormir : les chevaux avaient bu une potion du médecin du roi (Triboulet) qui leur permettait de dormir en marchant, deux cochers se relayaient pour les conduire, et Léonard de Vinci avait inventé une tente de toit qui permettait à la princesse de dormir autant qu’elle le voulait, quand elle le voulait. Lorsqu’elle avait faim, elle actionnait un levier qui faisait sortir des scies des essieux des roues. Elles coupaient le bois au bord du chemin, que des pinces récupéraient pour le faire passer dans un mécanisme qui le coupait en bûches de la taille du foyer du four à pizza. Comme dans tous les villages, les paysans lançaient de la nourriture en marque de reconnaissance pour la princesse, elle se préparait les pizzas qu’elle aimait, autant qu’elle voulait.

Tellement qu’un jour, elle enchaîna pizza sur pizza sans interruption. Le four chauffa, chauffa, chauffa. Et ce qui devait arriver arriva : le carrosse s’enflamma ! Paniquée, la princesse saisit la bouteille de Beaujolais Ancien des cochers et la vida sur le feu. Ce qui ne fit qu’aggraver la situation : elle eut à peine le temps de sauver sa pizza et de sauter de l’engin, qu’il était déjà réduit à l’état de cendres. Les deux cochers prirent leur courage à deux mains pour récupérer une bouteille de whisky à laquelle ils tenaient beaucoup et s’enfuir tous les deux sur le dos du percheron blanc. Margattenie bondit sur l’autre (avec sa pizza bien brûlée) et partit au grand galop. Elle se demanda si elle n’allait pas se perdre, mais se rassura aussitôt : comme le disait l’adage, « toutes les routes mènent à Villefranche-sur-Saône ».

Elle arriva ainsi aux remparts de la cité le lundi 6 août à l’aube, alors que les premiers rayons du soleil venaient caresser les créneaux de la tour de garde. Subjuguée par la beauté du paysage, les fesses meurtries par la colonne vertébrale du cheval, pressée de trouver une auberge pour boire, manger et dormir, elle s’y croyait déjà, quand soudain, une dizaine d’hommes aussi hauts que larges s’interposèrent devant elle. L’un d’entre eux — sans doute le chef car il portait sur la tête un bonnet de paille avec une visière — lui barra la route en criant :
— Halte-là !

La princesse sut immédiatement à qui elle avait affaire, et pourquoi : des vignerons qui voulaient l’effrayer afin d’échapper à l’impôt ! Elle sortit alors sa botte secrète : elle saisit d’une main toutes les flèches de son carquois, de l’autre son arc qu’elle tourna à l’envers, souffla sur les flèches qui se placèrent comme par magie sur la corde tendue, et hurla son cri de guerre :
— Maéaméka !!!!
Toutes les flèches partirent alors d’un coup et effleurèrent avec une précision millimétrée le crâne des vignerons et le bonnet de paille de leur chef qui se retrouva la visière à l’arrière, avant de revenir toutes seules se ranger dans le carquois.

Seulement voilà… Un dragon, le dragon tueur de Villefranche-sur-Saône, passait justement par-là à ce moment précis, entre les bandits et les remparts. L’une des flèches lui traversa la fesse droite et il se dégonfla en faisant des tours dans le ciel comme un ballon de baudruche. Il atterrit, minuscule et ridicule, sur l’épaule de la princesse. Cette dernière lui déposa un baiser sur le museau. Il cracha une étincelle et se transforma en prince charmant, tout vert avec des écailles et une crête sur la tête.
— Tu t’appelleras Punky, décida la princesse.

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants vert émeraude. Ils régnèrent sur la ville pendant des siècles, et depuis ce jour, Villefranche-sur-Saône est exemptée d’impôts.

3 Comments

    • Marie Hélène Robles

      Je suis la mamie d’un des petits participants de l’atelier et je comprends pourquoi il est revenu avec des étoiles dans les yeux. Quel espace de liberté ! Quel fourmillement d’idées ! Quel feu d’artifice de mots où les idées s’entrechoquent, se déploient et rebondissent toujours en une partition joyeuse, souriante et colorée. Ça… Ça donne le goût, le désir, l’envie de lire et de créer. Merci, profondément merci !

      • Marion Curtillet

        Merci pour votre message ! Les enfants s’amusent beaucoup, et je dois avouer que… moi aussi. Ces petits moments tout simples, qui nous emmènent tellement loin !

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