Co-Scriptum « Flash! » réalisé à l’occasion du Noël des enfants de la maison Chaumet, inspiré d’une histoire vraie (à découvrir ICI). Écrit par Gaspard, Jean, Etienne, Caroline et Thomas. Illustré par Maud, Aria, Olivia, Léo, Valentine, Victoire, et d’autres artistes qui sont partis sans laisser leur nom mais qui vont se manifester en reconnaissant leur histoire. 😉
Coordination du texte : Marion Curtillet.
Préparation et coordination des illustrations : Agapanthe.
1er décembre 2023, Laponie.
La forêt est bien paisible, j’observe le père Noël qui commence à préparer sa tournée, je profite des derniers instants de calme avant de partir comme chaque année pour notre grand tour des cheminées du monde entier. Soudain, un cri strident déchire le froid glacial. C’est le père Noël ! Je m’approche et lui demande ce qu’il se passe.
— C’est une catastrophe ! Le diadème ! hurle-t-il.
C’est vrai, un diadème dépasse de sa hotte. Et alors ? Où est le problème ?
— C’est le diadème de Joséphine ! Je devais le distribuer dans la nuit du 24 décembre 1801, pour la fête de son sacre l’année suivante, le 2 décembre 1802 ! Mais qu’est-ce qu’il fait là !?! Vite vite, Jolirenne ! Nous devons retourner au 1er décembre 1802 et retrouver Joséphine avant qu’il ne soit trop tard !
Oh non ! Remonter dans le temps ? Ce n’est pas mon fort ! Je ne l’ai pas fait depuis 500 ans !
— Allez Jolirenne ! Dépêche-toi ! Attelle-toi au traineau à remonter le temps, et c’est parti, en arrière toute, direction 1802 !
Je m’attelle en boudant, à l’envers, et je commence à marcher à reculons. Je fais à peine dix pas, que BOUM, je me cogne contre un arbre ! Je suis un peu sonné, mais je retrouve rapidement mes esprits. Conduire en arrière, que c’est difficile !
— Sacrebleu, Jolirenne ! On va être en retard ! Un peu de bonne volonté !
Je grogne en fronçant les sourcils. Enfin quoi, il s’imagine que c’est facile, lui, de conduire un traineau à remonter le temps ?
Bon, finalement, nous voilà partis… dans les couloirs du temps ! Direction 1802 !
1er décembre 1802. Les Antilles.
Vlim ! Vlam ! Vloum ! Que c’est brutal, l’arrivée dans une autre époque ! Nous sommes secoués dans tous les sens, on se croirait dans une machine à laver !
— ATTENTION ! Le palmier ! hurle le père Noël.
Je sors les aérofreins. Juste à temps pour l’éviter.
— Ouf, on l’a échappé belle ! Nous voici arrivés, Jolirenne ! Ce sont les Antilles. Joséphine doit être quelque part par ici !
— Hé ho ! crient des gens depuis le sol. Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites là-haut dans le ciel ?
Le père Noël répond comme s’il n’avait pas entendu :
— Connaissez-vous une dame qui s’appelle Joséphine ?
— Joséphine ? Bien sûr ! Elle est d’ici, mais elle n’habite plus là. Elle est partie pour Paris !
— Oh zut ! marmonne le père Noël dans sa barbe. Allez, Jolirenne, vite vite, emmène-moi à Paris ! Nous la rattraperons peut-être sur l’océan !
Quelle bonne nouvelle ! Ni une ni deux, je fais sonner mes grelots. Nous allons voir du pays ! Et dans le bon sens, cette fois-ci ! En avant, direction Paris !
1er décembre 1802. L‘Atlantique.
Mais avant Paris, il y a… l’océan. Et moi… j’ai peur de l’eau ! Je prends une grande inspiration et je me mets à galoper au-dessus des nuages.
— Arrête-toi ! crie le père Noël.
Oh ! Qu’est-ce qu’il se passe encore ? Il est gentil lui, si je m’arrête, nous allons finir tous les trois, le père Noël, le diadème et moi, au fond de l’océan !
— Là ! Un bateau ! Joséphine est peut-être à bord !
Je tourne à droite, je tourne à gauche, j’enchaîne quelques loopings, fais un piqué vers les flots, et stabilise le traineau juste au-dessus du bateau.
— Eh Oh ! Du bateau ! crie le père Noël.
Les marins lèvent les yeux au ciel.
— Qui c’est celui-là, s’exclament-ils en chœur.
— Bonjour, oh oh oh, ne vous inquiétez pas, je suis le père Noël.
Le capitaine ne l’entend pas de cette oreille et ordonne qu’on arme les canons. Les marins refusent de tirer, ils le trouvent gentil. Heureusement !
— Je cherche Joséphine, poursuit le père Noël.
— On la connaît, oui ! répondent les marins. Elle était sur ce bateau il y a très longtemps, quelques années disons. Elle doit être à Paris maintenant.
Oups… Je sens qu’on va me demander de continuer… On n’est pas encore arrivés !
— Tu as entendu, Jolirenne ? Allez, en avant ! On continue vers Paris !
1er décembre 1802*. Paris.
On vole, on vole, on vole… Tout à coup, nous retrouvons la terre. On vole, on vole, on vole encore… Puis nous apercevons beaucoup beaucoup de maisons. Chic, chic, chic, je vais enfin pouvoir faire mon travail ! Le traineau sera moins lourd. Emballé, je m’arrête au-dessus de la première cheminée. Le père Noël se met en colère :
— Mais ça va pas non ! On n’est pas le 24 décembre ! C’est pas le moment de distribuer les cadeaux !
Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié : on est en mission spéciale diadème… Il faut retrouver Joséphine !
Le père Noël demande son chemin à au moins cent personnes. Aucune ne sait exactement où se trouve Joséphine Enfin, un soldat du feu, qui le prend pour un collègue, lui répond :
— Vous pouvez essayer place Vendôme, elle y va souvent !
Il lui indique le chemin, et ni une ni deux, me voici galopant au-dessus des toits de Paris, direction la place Vendôme. Là, catastrophe, il y a trop de monde, pas la moindre place pour me garer. Je fais plusieurs fois le tour, impossible. Ils pourraient enlever une partie des immeubles, ce serait quand même plus pratique pour poser un traineau ! Je commence à m’impatienter.
— Calme-toi, Jolirenne ! J’ai ma corde !
Oh là là ! La dernière fois qu’il a voulu descendre tout seul par la corde, il a fait une chute de 80 mètres, s’est cassé la jambe et dix côtes ! Les enfants du monde ont été privés de cadeaux pendant cinq ans ! Pas question de recommencer ! Mais trop tard, il est déjà suspendu, et s’apprête à toucher le sol ! Deux minutes plus tard, avec mes super oreilles de renne, je l’entends qui discute avec un homme.
— Bonjour, brave homme ! Je suis à la recherche de Joséphine !
— Joséphine ? Je la connais très bien. Je suis Marie-Etienne Nitot, son joailler. C’est à moi qu’elle a commandé son diadème !
— Justement ! On la cherche avec Jolirenne, pour le lui livrer !
— Mais alors, tu es… le père Noël !
Le père Noël ouvre les bras et bombe le torse.
— Je le croyais perdu, ce diadème, s’étonne Nitot. Elle devait le recevoir à Noël, l’année dernière…
— C’est une longue histoire, je vous raconterai… plus tard. Pour l’heure, je dois retrouver Joséphine, et vite !
Le joailler se gratte la tête.
— Elle est sans doute à Notre-Dame, avec Napoléon. Ils doivent répéter pour le sacre, demain.
1er décembre 1802. Notre-Dame.
Enfin, une adresse facile à trouver depuis le ciel ! En moins de 5 minutes, nous voici au-dessus de Notre-Dame.
— Fais un virage oblique et mets-toi tout droit pour te poser !
Depuis quand il s’occupe de la conduite, celui-là ? Non mais… Est-ce que je lui dis, moi, comment distribuer les cadeaux ? Il va voir comment on se pose sur le parvis de Notre-Dame ! Ah Ah ! Je vais lui faire le coup du trou d’air !
Je bloque ma respiration, et nous voici en chute libre pendant 300 mètres. J’entends les hurlements à la fois du père Noël, et au sol, de Napoléon, Joséphine, et les milliers de personnes qui sont là pour préparer le sacre. À 10 mètres du sol, je rétablis la trajectoire et survole la foule à 5 centimètres des têtes. Paniqué, le monde se jette au sol, sauf Napoléon et Joséphine, qui se tiennent toujours bien droits, debout. Me vient alors une autre idée : je frôle Napoléon à toute vitesse, et son chapeau s’envole !
— Ah ! Mais qu’as-tu fait là, Jolirenne ! Tu vas finir en rondelles de saucisson de renne ! s’exclame le père Noël.
Mon sang se fige dans mes veines. Finir en saucisson, ah non alors ! Je me pose aussitôt bien délicatement sur le parvis de la cathédrale. Le père Noël descend du traineau, s’approche de Napoléon sur la pointe des bottes et s’excuse :
— Désolé Monsieur le Consul, c’est mon renne, Jolirenne, qui a perdu la tête avec l’air encharbonné de Paris !
Napoléon lui jette un regard noir. Le père Noël fait comme si de rien n’était et s’avance vers Joséphine en lui tendant son diadème.
— Votre Majesté, votre diadème !
FIN
*Un anachronisme s’est glissé dans ce passage. Lequel ?
Magnifique! Bravo