Marion Curtillet et Agapanthe ont eu le plaisir de participer à la fête du livre jeunesse en pays Roannais ce samedi 3 juillet à Charlieu et à Roanne (42). Cette grande première était organisée par les associations Lire et faire lire et l’UDAF de la Loire, dans le cadre du festival Partir en Livre dont le thème cette année est : « Mer et merveilles ». L’atelier s’est déroulé à la médiathèque de Charlieu, puis la fresque a été exposée et le texte lu au salon du livre à Roanne, place des promenades Populle.

La fresque

Agapanthe a travaillé avec les enfants sur une fresque en six panneaux mettant en scène des merveilles de la mer, vues à travers le regard de… la mouche.

Le Co-Scriptum

En parallèle, et par alternance, les enfants venaient raconter l’incroyable histoire de la mouche.

Le résultat ?

Et voilà le travail !!! Bravo les enfants !!!

Je suis Cartouche la Mouche, et je vais vous conter mon incroyable histoire. Tout a commencé dans un bistrot à Saint-Malo. Nous étions quelques mouches attablées autour d’un verre de crotte. L’ambiance montait, jusqu’au moment où j’eus un pim au cerveau : je proposai le défi fou de faire le tour du monde en 80 jours ! Mes amies acceptèrent immédiatement et rentrèrent chez elles pour faire leurs valises. Pour ma part, je partis en direction de bateaux à l’arrêt qui avaient l’air rapides et je volai jusqu’à l’un d’eux. Je n’eus pas le temps de m’agripper qu’il partait déjà à l’assaut des vagues. Je le rattrapai en volant à tire d’ailes. Grâce à sa voile bleue et jaune, je le repérai facilement et pus m’accrocher à sa coque rouge. Le pilote ne me vit pas. Je visitai ma nouvelle demeure, espérant trouver un pot de miel dans lequel tremper mes pattes. J’en trouvai un ouvert dans la cabine, c’était super, je me régalai ! Seulement, au moment de repartir, CATASTROPHE ! J’étais collée ! Impossible de ressortir !
Soudain, j’entendis un éclat de voix. C’était le skipper qui venait prendre son goûter ! Il était gros, barbu, avec des tatouages partout. Il portait un sabre accroché dans son dos. Il s’appelait Joe, c’était écrit sur sa casquette. Il avait une grosse voix et quand il s’est approché de moi, j’ai été ensorcelée par son odeur : il n’avait pas dû se laver depuis trois semaines au moins. J’étais sous le charme…

Un charme de courte durée : dès qu’il me vit, il hurla : « AHHHHH Une mouche dans mon pot de miel ! » Il le saisit et le jeta à la mer, avec moi dedans. J’ai bien cru que j’allais y passer. Mais heureusement, le miel s’est dissous. Je me suis retrouvée libre, et même, je me suis rendue compte que je pouvais respirer sous l’eau. Il semblerait qu’une mouche plongée dans du miel puisse respirer sous l’eau ! C’était génial ! J’en profitai pour visiter les fonds marins. Partout, des déchets. Des bouteilles, des emballages, des restes de hamburger accompagnés de frites, des canettes, et les sacs ! Ah là là ! Une galaxie de plastique tout autour de moi. Je nageais en plein bonheur !
Tout au fond, mes grands yeux globuleux furent attirés par quelque chose de scintillant. Je m’approchai. C’était un trésor ! D’où pouvait-il bien venir ? Je tournais autour, quand soudain, un monstre aux dents acérées et au regard méchant me frôla sans me remarquer. Je me retournai, et derrière lui, je distinguai une grande masse sombre. Je m’approchai. C’étaient les restes d’un bateau gisant au fond de la mer. Une épave… Mais alors… Dans une épave… il y avait sûrement des cadavres !!! Une visite s’imposait. Je me promenai partout, dans toutes les pièces, sous toutes les poutres, dans tous les recoins, mais… rien… Les animaux des mers avaient dû avoir cette idée avant moi. J’arrivai trop tard. Déçue, je cherchai un moyen de remonter au plus vite à la surface pour poursuivre mon voyage. J’essayai de faire plier le mât de l’épave en appuyant très fort sur mes six pattes. Je me suis trouvée propulsée à une vitesse folle à travers l’eau ! Je plissai mes yeux et mis mes ailes devant mon nez pour ne pas boire la tasse. Je me retrouvai hors de l’eau sans m’en rendre compte.

Le temps que mes ailes, toutes mouillées, se déplient, j’avais atterri au creux d’un palmier, sur une île abandonnée. Sur la plage, il y avait juste une pancarte notée « Chawaï ».

Je me mis immédiatement à la recherche d’une petite crotte bien fraîche à manger, ou un reste d’animal laissé par les charognards. Mais je ne trouvai rien… Il n’y avait que du sable et des palmiers… Je n’avais même pas un endroit confortable où me poser… Jusqu’au moment où je trouvai un hamac ! Là, je m’allongeai, le cœur lourd. J’avais faim, j’avais soif, je me sentais seule au monde, perdue, accablée de fatigue. Je commençai à regretter mon stupide défi… Et puis, je m’endormis.

Tout à coup, je fus réveillée par un grand cri strident qui venait de la mer. Je bondis hors du hamac et m’envolai vers ce bruit. Je survolai la mer sans rien repérer, quand trois énormes bêtes à la peau lisse et au museau allongé jaillirent de la surface de l’eau et sautèrent par-dessus moi, pour disparaître de nouveau sous l’eau. Quelques secondes plus tard, ils réapparurent et l’un d’eux me dit :
— Bonjour petite mouche ! Comment t’appelles-tu ?
— Bonjour, je suis Cartouche la mouche ! Et toi ?
— Bonjour, je suis Gabin le dauphin. Et voici mes deux frères, Martin et Romarin. Tu es sur notre île. Nous t’observons, tu dors depuis trois jours. Comment as-tu atterri ici ? Que fais-tu là ? As-tu besoin d’aide ?
— Avant toute chose, je suis en train de m’essouffler. Est-ce que je peux me poser sur vous ? Les trois frères se regardèrent et Romarin répondit :
— D’accord, mais seulement si tu ne nous fais pas de chatouilles ! Je descendis jusqu’à lui et essayai tant bien que mal de m’accrocher sur ce dos glissant, sans lui faire de guilis… C’était très difficile ! Martin, voyant ma peine, eût l’idée de se dresser à la verticale pour que je puisse m’installer confortablement sur son nez. Une fois posée, je pus répondre aux nombreuses questions :
— Mon arrivée ici, c’est une longue histoire ! Ce que je voudrais faire, et j’ai besoin de votre aide, c’est terminer mon tour du monde. Le plus vite possible. Les trois dauphins répondirent d’une seule voix :
— Nous ne pouvons pas nous éloigner de notre île ! En revanche, nous connaissons une sirène qui pourrait t’aider. Elle est très gentille, mais un terrible et cruel dragon des mers défend son rocher. Tu devras l’affronter.

Je réfléchis un instant. Avais-je le choix ? Non. Alors, en avant. Mes trois nouveaux amis faisaient des successions de bonds hors de l’eau, et moi je ricochais, amusée, de dos en dos. Nous allions à une vitesse phénoménale. Quel dommage que ces trois là n’aient pas voulu s’éloigner de leur île ! J’aurais très certainement gagné le défi facilement avec eux !
Le voyage dura un jour. Je commençais à fatiguer et ma tête tournait. Les trois frères s’arrêtèrent soudain. Ils avaient la mine grave. C’était le moment des adieux.
— Adieu, dit simplement Martin.
— Salut, dit Gabin.
Quant à Romarin, la larme à l’œil, il se contenta d’un geste de la nageoire.
Je leur fis la danse de la mouche pour les remercier de leur aide, et m’enfonçai sous l’eau. Une forte odeur de sang me remplit les narines. Je la suivis. Et là, au milieu de l’obscurité, je distinguai une silhouette étincelante. C’était un monstre enragé, au regard terrible, à la peau écaillée dure comme une armure, aux dents grinçantes  et dont le bruit emplissait les flots de terreur. Je me mis à rire. Ce dragon était peut-être grand et fort, mais il ne ferait pas le poids face à ma malice ! J’avais déjà une idée qui fleurissait dans ma tête : j’allais m’infiltrer sous son épaisse couche d’écailles, et le chatouiller jusqu’à ce qu’il abdique ! C’est ce que je fis, et en dix minutes, le monstre des mers était vaincu par Cartouche la mouche !

Irène la sirène m’accueillit alors à bras ouverts. Je lui racontai toutes mes aventures. Elle décida de m’aider : elle connaissait tous les courants marins et pourrait me faire faire le tour du monde très vite grâce à eux. Elle m’a cousu un nid dans un ruban rouge. J’y étais comme dans un cocon. Et nous sommes parties à l’assaut des mers !

Tout se passa bien, jusqu’au moment où je sentis les mains d’Irène me serrer beaucoup plus fort. Je compris que quelque chose n’allait pas. Mais quoi ? Je fus soudain éblouie par une lumière très forte. Tout s’est retrouvé sec. Nous n’avancions plus. Et puis, il y a eu un grand « BOUM ». Et nous nous sommes retrouvées sur du bois. Le temps de reprendre nos esprits, je réalisai que nous avions été capturées par un bateau de pêcheurs. Le pêcheur s’appelait Brocoli, c’était écrit sur sa casquette : « Je suis le terrible Brocoli ». Brocoli proposa Irène au prince, qui en tomba immédiatement follement amoureux. Irène avait toujours rêvé d’être reine et tomba sous le charme. Elle voulut que je sois sa dame d’honneur. Et chance extraordinaire : le mariage se déroula à… SAINT-MALO ! J’en étais partie il y avait exactement 79 jours 23 heures et 59 secondes avant qu’ils se disent oui. Mon tour du monde était achevé. J’avais gagné mon défi !

Fresque : les enfants de Charlieu, avec Agapanthe.
Texte : les enfants de Charlieu, avec Marion Curtillet.
L’équipe des éditions Du sable et des cailloux.

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