Ce Co-Scriptum Flash a été écrit à Annecy le mardi 3 janvier 2022 par un groupe de huit passionnés de lecture et d’écriture de l’association IEF des Savoie : Alexandra, Clémence, Eline, Emma, Evan, Leïla, Léonie et Nora. Deux écrivains de l’équipe des Jeunes Prodiges ont participé aussi, une bien belle rencontre !
Âge des auteurs : 11 à 16 ans. Durée de l’ébullition : 45 minutes.

Le soir du 31 décembre…

Une publicité du ministère de la Santé passe à la télévision : « Le chocolat, une barre, ça va, une plaque, attention les dégâts ». 
— Tu as entendu ? dit Maximilien, 12 ans, à sa sœur Zoé, de trois ans sa cadette. Il est grand temps que papa et maman arrêtent de manger une plaque de chocolat chacun tous les soirs… Ils vont s’abîmer la santé.
— Tu as raison, répond Zoé, mais comment pouvons-nous faire ?

Ils entament alors une grande discussion stratégique, passent en revue les différentes possibilités qui s’offrent à eux : enterrer le chocolat, inventer un système pour que l’emballage électrocute celui qui le touche, changer le goût du chocolat…
— Le plus simple, ce serait quand même qu’on leur en parle, non ? suggère Zoé. Ça pourrait venir d’eux, comme une résolution pour la nouvelle année ?
— Non, surtout pas ! Ils ne nous écouteront pas. Regarde, chaque année, leurs résolutions, comme ça se termine ? Alors avec le chocolat, tu penses ! Ils sont bien trop accros, ils nous prouveront par A plus B que c’est bon pour eux !
— Oui mais quand même ! Les priver de leur chocolat ? Tu n’y penses pas !
— C’est pour leur bien voyons ! De toute façon, si tu dis quelque chose, je raconterai que c’est toi qui as rendu le chat malade en lui donnant une crêpe !

Zoé devient vert pâle… Ce souvenir tragique la remplit d’amertume… Ils analysent les différentes stratégies auxquelles ils ont pensé, et tranchent finalement pour la plus réaliste et la plus efficace : changer le goût du chocolat.

Vendredi, 17 h 30…

Les parents des deux enfants partent comme tous les vendredis à leur cours de salsa. Zoé et Maximilien se précipitent dans la cachette à chocolat du garde-manger et se saisissent des soixante plaques stockées là. Ils les apportent à la cuisine et démarrent leur préparation. Par chance, le chocolat en question est emballé directement dans du carton, sans aluminium autour.

Zoé prend en charge le chantier « savon + sable » : elle mélange dans un saladier du sable et du savon, sort les plaques une par une, les trempe dans le mélange, les laisse sécher, puis les remet délicatement dans leur emballage.

De son côté, Maximilien s’occupe du chantier « parfum + punaises écrasées » : il a récupéré cent punaises dans le jardin la veille et les a écrabouillées jusqu’à obtenir un jus gras, épais, collant, à l’odeur pestilentielle. Il l’a ensuite tamisé, déposant les parties organiques résiduelles dans un seau. Il trempe dans le jus une partie des plaques. Le reste, il les asperge de tous les restes de parfum trouvé dans la salle de bain de ses parents.

Vendredi, 19 h 15

Les parents rentrent de la salsa et toute la famille passe à table. Puis Zoé et Maximilien font mine d’aller se coucher et les parents s’installent devant la télévision avec chacun leur tablette de chocolat et un verre de jus d’orange. Les deux enfants sont bien sûr cachés dans l’escalier, une perche à la main, tendue vers le salon avec au bout une caméra pointée vers les deux adultes.

Au premier « croc », la maman manque s’étouffer et recrache d’un coup le carré de chocolat dans son verre de jus d’orange.
— Qu’est-ce qui t’arrive ? demande le papa.
— Ce chocolat est ignoble !
— Ah ce point-là ? C’est pourtant le même que d’habitude ? Fais-moi goûter.
— À son tour, il crache le morceau, qui atterrit… sur les mains de sa femme.

Ils se regardent… Ils ont reconnu des effluves de leurs parfums respectifs et comprennent instantanément ce qui s’est passé. La maman, rouge de colère, bondit du canapé et court vers l’escalier. Elle se prend alors les pieds dans la perche de la caméra et tombe la tête la première dans un seau caché sous un tabouret. Elle se relève la tête dans le seau, et tout le contenu de ce dernier se déverse sur son visage : les résidus des punaises, que Maximilien a oublié de vider dehors…  

Alors, elle hurle les noms de ses enfants. Avec l’aide de son mari, elle les attrape par l’oreille, les entraîne vers le garde-manger, et leur fait ouvrir et goûter un carreau de chacune des cinquante-huit plaques de chocolat restantes !

Le lendemain matin…

Calmés et reposés, parents et enfants discutent au petit-déjeuner. Zoé et Maximilien expliquent la raison de leur initiative.
— Mais enfin, il fallait nous en parler ! s’exclament les parents, presque reconnaissants.

Zoé chuchote à l’oreille de son frère :
— Qu’est-ce que je t’avais dit ?

FIN

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